
Programme concert 2025 : Bénédicte Barriquand mezzo et Satsuki Hirai piano
Franz Schubert
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1 Litanei 1816 poème J. G. Jacob. Litanie « Toutes âmes reposent en paix… »
2 Meeres Stille 1815 poème J. W. v. Goethe. Silence de la mer « Un silence profond règne sur la mer… »
3 Erstarrung, Winterreise 1827 poème W. Müller. Solidification « Si mon coeur fond à nouveau, son image fondra aussi... »
4 Einseimkeit, Winterreise 1827 poème W. Müller. Solitude « Quand une nouvelle fois les tempêtes s’étaient déchaînées, je n’étais pas si seul... »
5 Die Krähe, Wintereise 1827 poème W. Müller. La corneille « Une corneille avait voyagé avec moi depuis la ville… »
6 Letzte Hoffnung, Winterreise 1827 poème W. Müller. Dernier espoir « Je reste devant les arbres souvent debout dans mes pensées... »
7 Der Wegweiser, Winterreise 1827 poème W. Müller. Le poteau indicateur « Je vais mon chemin et cherche la paix »
8 An Mignon Erste fassung 1815 poème J. W. v. Goethe. À Mignon « Je sens ces peines en silence dans mon coeur secrètement d’une violence instructive…
9 Du bist die Ruh 1823 poème F. Rückert. Tu es le repos « Que ce coeur soit plein de ta joie… »
10 Der Tod und das Mädchen 1821 poème M. Claudius. La jeune fille et la mort « Donne ta main, image belle et douce… »
11 An die Musik 1817 poème F. v. Schober. À la musique « Toi, art noble tu m’as ouvert des temps meilleurs »
Claude Debussy
12 Nuit d’étoiles 1880 poème Théodore de Banville
« Nuit d’étoiles, sous tes voiles, sous ta brise et tes parfums... »
13 Mandoline 1882 poème Paul Verlaine
« Les donneurs de sérénades et les belles écouteuses... »
14 Il pleure dans mon cœur 1885-87 Ariettes oubliées poème Paul Verlaine
« Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville... »
15 Le son du cor 1891 Trois mélodies poème Paul Verlaine
« Le son du cor s’afflige vers les bois... »
16 Chevaux de bois 1885 Ariettes oubliées poème Paul Verlaine
« Tournez, tournez, bons chevaux de bois... »
17 Harmonie du soir 1889 poème de Charles Baudelaire
« Voici venir les temps où vibrant sur sa tige... »
18 Recueillement 1887-89 Cinq poèmes de Baudelaire
« Sois sage ô ma douleur... »
19 Auprès de cette grotte sombre 1904 poème de Tristan l’Hermite
« Auprès de cette grotte sombre où l’on respire un air si doux... »
Durée du concert environ une heure

Traductions programme Schubert
1 Litanei
Litanie
Ruhn in Frieden alle Seelen, die vollbracht ein banges Quälen,
Reposent en paix toutes âmes, qui ont combattu une angoissante torture,
die vollendet süssen Traum, lebenssatt, geboren kaum,
qui ont réalisé de doux rêves, rassasiés de la vie, à peine nés,
aus der Welt hinüberschieden, alle Seelen ruhn in Frieden !
par le monde traversés, toutes âmes reposent en paix !
Und die nieder Sonne lachten, unterm Mond auf Dornen wachten,
Et riaient du soleil couchant, sous la lune veillaient aux difficultés,
Gott im reinen Himmelslicht einst zu sehn von Angesicht :
Dieu dans la pleine lumière céleste un jour ont vu en face :
alle, die von hinnen schieden, alle Seelen ruhn in Frieden !
tous, qui dans leur vie intérieure étaient différents, toutes âmes reposent en paix !
2 Einsamkeit
Solitude
Wie eine trübe Wolke durch heit’re Lüfte geht,
Comme un nuage morne avance à travers l’air joyeux,
wenn in der Tannen Wipfel ein mattes Lüftchen weht :
quand dans le sommet des sapins souffle un petit vent faible:
so zieh’ ich meine Strasse dahin mit trägem Fuss,
alors je marche dans ma rue avec des pieds paresseux,
durch helles, frohes Leben einsam und ohne Gruss.
à travers la vie claire, joyeuse seul et sans salut,
Ach, dass die Luft so ruhig ! Ach, dass die Welt so licht !
Ah, que l’air est si calme ! Ah, que le monde est si lumineux !
Als noch die Stürme tobten, war ich so elend, so elend nicht.
Quand une nouvelle fois les tempêtes s’étaient déchaînées, je n’étais si seul, pas si seul,
Ach, dass die Luft so ruhig Ach, dass die Welt so licht !
Als noch die Stürme tobten, war ich so elend, so elend nicht.
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3 Erstarrung
Solidification
Ich such’ im Schnee vergebens nach ihrer Tritte Spur,
Je cherchais cachés dans la neige la trace de ses pas,
wo sie an meinem Arme durchstrich die grüne Flur,
où elle parcourait à mon bras le couloir vert,
ich such’im Schnee vergebens nach ihrer Tritte Spur,
wo sie an meinem Arme durchstrich die grüne Flur.
Ich will den Boden küssen, durchdringen Eis und Schnee mit meinen heissen Thränen,
Je veux embrasser le sol, à travers la glace et la neige avec mes larmes brûlantes,
bis ich die Erde, die Erde seh’,
jusqu’à ce que la terre, je vois la terre,
ich will den Boden küssen, durchdringen Eis und Schnee mit meinen heissen Thränen,
bis ich die Erde, die Erde seh’.
Wo find ich eine Blüthe, wo find’ ich grünes Gras ?
Où trouverais-je une floraison, où trouverais-je l’herbe verte ?
Die Blumen sind erstorben, der Rasen sieht so blass,
Les fleurs sont mortes, l’herbe semble si pâle,
die Blumen sind erstorben, der Rasen sieht so blass.
Wo find’ ich eine Blüthe ?Wo find ich grünes Grass ?
Soll denn kein Angedenken ich nehmen mit von hier ?
Donc je ne devrai emporter avec moi aucun souvenir d’ici ?
Wenn meine Schmerzen schweigen, wer sagt mir dann von ihr ?
Quand mes douleurs se tairont, qui me parlera d’elle ?
Soll denn kein Angedenken ich nehmen mit von hier ?
Wenn meine Schmerzen schweigen,wer sagt mir dann von ihr ?
Mein Herz ist wie erfroren kalt starrt ihr Bild darin :
Mon coeur est comme gelé son image fixe me regarde froidement
schmilzt je das Herz mir wieder, fliesst auch ihr Bild, ihr Bild dahin ;
si mon coeur fond à nouveau, son image fondra aussi jusque là ;
mein Herz ist wie erfroren, kalt starrt ihr Bild darin :
schmilzt je das Herz mir wieder, fliesst auch ihr Bild, ihr Bild dahin, ihr Bild dahin.
4 Meeres Stille
Silence de la mer
Tiefe Stille herrscht im Wasser, ohne Regung ruht das Meer,
Un silence profond rêgne sur la mer, la mer repose sans émotion,
und bekümmert sieht der Schiffer glatte Fläche rings umher.
et le marin voit affligé une surface lisse autour de lui
Keine Luft von keiner Seite ! Todesstille fürchterlich !
Pas d’air d’aucun côté ! Un silence de mort terrible !
In der ungeheuern Weite reget keine Welle sich.
dans l’immensité monstrueuse aucune vague ne met de l’ordre.
5 Der Wegweiser
Le poteau indicateur
Was vermeid’ ich denn die Wege, wo die andern Wandrer gehn,
Pourquoi est-ce que j’évite les chemins, que les autres empruntent,
suche mir versteckte Stege durch verschneite Felsenhöhn ?
je cherche des passerelles cachées à travers les collines rocheuses enneigées ?
Suche mir versteckte Stege durch verschneite Felsenhöhn, durch Felsenhöhn ?
Habe ja doch nichts begangen, dass ich Menschen sollte scheun, dass ich Menschen sollte scheun,
Je n’ai pourtant rien commis, qui me fasse craindre les hommes,
welch ein thörichtes Verlangen treibt mich in die Wüste neien, treibt mich in die Wüste nei’n?
Quel désir insensé me pousse dans le désert ?
Weiser stehen auf den Wegen, weisen auf die Städte zu,
Les poteau indicateurs sont sur les chemins, indiquent les villes,
und ich wandre sonder Massen, ohne Ruh, und suche Ruh,
et je vais mon chemin sans mesure, sans paix, et cherche la paix
und ich wandre sonder Massen, ohne Ruh, und suche Ruh.
Einen Weiser seh’ ich stehen unverrückt vor meinem Blick ;
Je vois un poteau indicateur immuable devant mon chemin ;
eine Strasse muss ich gehen, eine Strasse muss ich gehen, die noch keiner ging zurück.
Je dois prendre un chemin, je dois prendre un chemin, d’où nul n’est revenu.
Einen Weiser seh’ ich stehen unverrückt vor meinem Blick ;
eine Strasse muss ich gehen, die noch keiner ging zurück, die noch keiner ging zurück.
6 Letzte Hoffnung
Dernier espoir
Hie und da ist an den Bäumen manches bunte Blatt zu seh’n,
Ici et là, l’on peut voir de nombreuses feuilles colorées aux arbres,
und ich bleibe vor den Baümen oftmals in Gedanken steh’n.
Et je reste devant les arbres souvent debout dans mes pensées.
Schaue nach dem einen Blatte, hänge meine Hoffnung dran ;
Je regarde une feuille, j’y accroche mon espoir ;
spielt der Wind mit meinem Blatte, zittr’ ich, was ich zittern kann.
si le vent joue avec ma feuille, je tremble, ce que je peux trembler.
Ach, und fällt das Blatt zu Boden, fällt mit ihm die Hoffnung ab,
Ah, et si la feuille tombe au sol, mon espoir tombe avec,
fall’ ich selber mit zu Boden, wein’, wein’ auf meiner Hoffnung Grab,
si je tombe moi même avec jusqu’au sol, je pleure, pleure sur la tombe de mon espoir,
wein’, wein’ auf meiner Hoffnung Grab.
7 An die Musik
A la musique
Du holde Kunst, in wieviel grauen Studen, wo mich des Lebens wilder Kreis umstrickt,
Toi, art noble, pendant combien d’heures grises, où le cercle sauvage de la vie m’a entouré,
hast du mein Herz zu warmer Lieb’ entzunden, hast mich in eine bess’re Welt entrückt,
tu as porté mon coeur vers un amour plus chaleureux, tu m’as emporté vers un monde meilleur,
in eine bess’re Welt entrückt.
vers un monde meilleur.
Oft hat ein Seufzer, deiner Harf entflosen, ein süsser heiliger Accord von dir ?
Souvent un soupir s’écoule de ta harpe, un doux et sacré accord venant de toi ?
den Himmel bess’rer Zeiten mir erschlossen, du holde Kunst, ich danke dir dafür,
au ciel tu m’as ouvert des temps meilleurs, toi art sacré, je te remercie pour cela,
du holde Kunst, ich danke dir.
toi art sacré, je te remercie.
8 An Mignon
A Mignon
Über Thal und Fluss getragen, ziehet rein der Sonne Wagen.
Portées sur les vallées et les fleuves, tirées innocemment par le chariot du soleil
Ach, sie regt in ihrem Lauf, so wie deine, meine Schmerzen tief im Herzen
Ah, elles remuent dans leur course, comme les tiennes, mes peines profondément dans mon coeur
immer Morgens wieder auf, immer Morgens wieder auf.
se réveillent toujours au matin, se réveillent toujours au matin.
Kaum will mir die Nacht noch frommen, denn die Träume selber kommen
La nuit ne veut me servir presque à rien, car les rêves viennent d’eux mêmes
nun in trauriger Gestalt; und ich fühle dieser Schmerzen still im Herzen
seulement d’une façon triste ; et je sens ces peines en silence dans mon coeur
heimlich bildende Gewalt, heimlich bildende Gewalt.
secrètement d’une violence instructive, secrètement d’une violence instructive.
9 Der Tod und das Mädchen
La mort et la jeune fille
Vorüber, ach, vorüber ! Geh wilder Knochenmann !
Passe, ah, passe ! Va t’en mort sauvage !
Ich bin noch jung, geh Lieber ! Und rühre mich nicht an, und rühre mich nicht an.
Je suis encore jeune, de préférence va t’en ! Et ne me touche pas, et ne me touche pas.
Gib deine Hand, du schön und zart Gebild ! Bin Freund und komme nicht zu strafen.
Donne ta main, toi image belle et douce ! Suis amicale et ne viens pas pour punir.
Sei gutes Muts ! Ich bin nicht wild, sollst sanft in meinen Armen schlafen !
Sois de bonne composition ! Je ne suis pas sauvage, tu dois doucement dormir dans mes bras !
10 Die Krähe
La corneille
Eine Krähe war mit mir aus der Stadt gezogen,
Une corneille avait voyagé avec moi depuis la ville,
ist bis heute für und für um mein Haupt geflogen.
A depuis depuis ce jour et à jamais volé autour de mon chapeau.
Krähe, wunderliches Thier, willst mich nicht verlassen ?
Corneille, animal merveilleux, ne veux-tu pas me laisser ?
Meinst wohl bald als Beute hier meinen Leib zu fassen ?
Crois-tu vraiment bientôt saisir mon corps comme un butin?
Nun es wird nicht weit mehr geh’n an dem Wanderstabe.
Maintenant je n’irai pas plus loin avec mon bâton de marcheur,
Krähe, lass mich endlich seh’n Treue bis zum Grabe !
Corneille, laisse moi enfin voir la fidélité jusqu’au tombeau !
Krähe, lass mich endlich seh’n Treue bis zum Grabe !
11 Du bist die Ruh
Tu es le repos
Du bist die Ruh, der Friede mild, die Sehnsucht du, und was sie stillt.
Tu es le repos, la paix douce, tu es le désir, et ce qui l’apaise.
Ich weihe dir voll Lust und Schmerz zur Wohnung hier mein Aug und Herz, mein Aug und Herz.
Je t’offre pour demeure pleins de joie et de peine mon œil et mon coeur
Kehr ein bei mir, und schliesse du still hinter dir die Pforten zu.
Entre chez moi, et ferme doucement la porte derrière toi.
Treib andern Schmerz aus dieser Brust, voll sei dies Herz von deiner Lust, von deiner Lust.
Chasse une autre douleur de cette poitrine, que ce coeur soit plein de ta joie, de ta joie,
Dies Augenzelt, von deinem Glanz allein erhellt, o füll es ganz, o füll es ganz !
Cet arc des yeux, de ton éclat s’éclaire seul, oh sens le pleinement, oh sens le pleinement !
Dies Augenzelt, von deinem Glanz allein erhellt, o füll es ganz, o füll es ganz !
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Traductions Bénédicte Barriquand juillet 2024